Les parguies.
Ce terme, qui ne figure dans aucun dictionnaire, désigne localement des bâtiments disséminés dans la plaine du Louts. Il s’en trouve à Caupenne, Lourquen mais je me borne ici à évoquer celles de Lahosse.
Le Louts borde la commune au nord et en constitue la limite. Ce qu’on appelle la plaine du Louts est une zone inondable, dépourvue d’habitations. Si l’on excepte la Téoulère, construction tardive, les maisons sont toutes construites sur la partie haute. Nous pouvons supposer qu’à l’origine c’était une zone boisée (d’où les toponymes Cap de Bosc, Treytin). S’ensuivirent des défrichements pour y installer des prairies, plus tard des champs cultivés (drainés). La partie est, bien que propriété des barons de Caupenne, fut longtemps considérée comme les « communs » du village. « C’était une lande où le monde allait garder les vaches ». Les vaches disparues, on y planta des pins !
Une voie communale permet de rejoindre Cap de Bosc depuis le Grand Cabé et un chemin, partiellement privé vous mène au bas de la côte de Bignaou, que la carte de Cassini nomme « Bas de Lahosse ». On contourne ainsi la partie haute du village, « La Haute Hosse » sur la carte de Cassini.
Tout au long de cette « voie » ont été érigées ces granges plus ou moins récentes, plus ou moins vastes mais construites sur le même modèle : une grande porte et un grenier au-dessus.
Nous ignorons à quelle époque remonte leur construction mais la majorité ont plus de deux cents ans car elles figurent sur les plans cadastraux de 1810,1813 et 1847 et les linteaux et encadrements de porte sont en pierre tendre.
On en recense une dizaine sur le territoire de la commune. Ainsi nous trouvons, d’ouest en est :
La parguie dite de Caousse
sur le chemin qui mène au pont sur le Louts, et dont la moitié était affectée au métayer de Pinaout (les deux métairies appartenant au même propriétaire). Elle est visible de la route, toujours debout et maintenant si bien intégrée au paysage que vous risquez de ne pas la voir si vous ne descendez pas de voiture!
Plus loin, tout près du Louts, la parguie appelée de Bellocq sur les plans cités plus haut, qui était jusqu’à sa démolition récente, la parguie d’Arlanne. Il n’en reste aucune trace et je ne l’ai jamais vue.
Au départ du chemin de la Hountrasse (que vous ne pouvez pas emprunter car il est "végétalisé") la parguie actuelle de Bellocq, encore en bon état. Mais inutilisée et non entretenue.
Poursuivez jusqu’aux parguies jumelles de Saint-Jouan (sans porte) et de Hougra (avec porte). Cette dernière ne figure pas sur les plans du XIXe. Sa construction est donc plus récente.Elle est de ce fait moins solide !
Sur un extrait du plan cadastral édité en 1987 elles sont appelées : Parguies de Laulon. Le nom qui leur est attribué est celui de la maison qui l’utilisait d’où les variantes. Et les métairies de Saint-Jouan et Hougra appartenaient aux propriétaires de Laulon.
A quelques mètres la parguie de Grand Cabé (qui à longtemps hébergé le cheval) et face à elle la parguie de Petit Cabé, visible sur la photo ci-contre et maintenant arasée. La première est en état de délabrement bien avancé. Parce que plus récente ? En fait, elle a probablement remplacé celle qui, sur les premiers plans, se trouvait un peu plus loin, sur la rive gauche du ruisseau de l’Eglise.
Poursuivons jusqu’à la parguie de Couston (sans porte) et celle de Petit Capdebos, (dite de Viellotte sur le plan de 1847).
Prenez maintenant sur votre gauche le chemin de Segnerat. (Non il n’est pas indiqué !). Dans la peupleraie on aperçoit ce qui reste de la parguie (récente) dite de Menaudine, que se partageaient Farthouat et Grand Capdebos.
La parguie de Brocas, tout près d’une boucle du Louts a aussi disparu. La toute dernière, dite parguie de Broustic, je ne l’ai trouvée que sur les plans napoléoniens.
Et il en sera bientôt de même pour toutes les autres. Le lecteur futur pourra alors faire un exercice de grammaire et conjuguer tous les verbes du texte à l’imparfait ! Et le mot « parguie » disparaîtra avec elles.
Quelle était la destination de ces bâtiments ?
Avant l’arrivée des tracteurs on y abritait les bœufs ou les animaux de trait aux heures chaudes de la journée. On y remisait les outils, on y entreposait du fourrage quand elles comportaient un grenier. Chaque ferme ou presque possédait des terres dans cette zone relativement éloignée. On n'y cultivait pas seulement du maïs comme de nos jours. La grange de Menaudine a été un temps la salle de bal d’un groupe de jeunes durant la guerre. Équipés d’un gramophone, ils s’y retrouvaient pour danser.
Les enfants s’y rendaient pour jouer ou en gardant les vaches. Certains y ont laissé des traces. De petites œuvres d’art parfois. La pierre tendre s’y prêtait ! Certaines sont très récentes. Alors qu'il n'y a plus de vaches à garder !
A mesure que les bâtiments s'écrouleront ces pierres seront broyées pour combler les ornières des chemins.
Il restera ces photos.