Toponymes à Lahosse : ruisseaux, fontaines et puits.

Publié le par R.D.

Dans un précédent article  vous avez pu consulter la liste (exhaustive ?)  des maisons du village. Il existe sur le territoire bien d'autres toponymes, qui désignent des  quartiers, champs, ruisseaux et parfois des chemins.

RUISSEAUX

Le Louts borde la commune et en  constitue la limite nord. C'est un cours d'eau irrégulier. Parfois gonflé jusqu'à déborder après de fortes pluies, son débit est plus modeste l'été. Même si les berges sont entretenues il est assez rare qu'on puisse s'en approcher. Il coule secrètement derrière un rideau d'arbres, au fond du lit qu'il a creusé dans la terre argileuse.
La carte de Cassini indique un moulin sur le Louts, qui est également mentionné dans un document à la Révolution.Près de la limite ouest du village un gué permettait de traverser  la rivière.
Lahosse se trouve majoritairement sur le bassin versant du Louts et très partiellement sur celui des Luys. Le "chevelu" du bassin versant du Louts est particulièrement fourni. 

Voici, d’ouest en est, les ruisseaux qui aboutissent au Louts.
Le ruisseau de Baron qui naît au niveau de Pétrouilh, reçoit le ruisseau de Pédelavigne, se promène au fond du vallon en limite de la commune, franchit la route de Baron en bas de Menaude, et rejoint le Louts au niveau du pont sur la D32. Il est à certaines périodes assez abondant pour permettre à un agriculteur d'y puiser l'eau destinée à remplir la réserve récemment construite.
Le ruisseau du Bélier, long de quelques mètres à peine, alimente le lavoir construit par Boisot près de Caousse et ensuite le bélier installé pour alimenter  le Loumaing en eau. Il  se jette ensuite discrètement dans le Louts tout proche. Comme beaucoup d'autres petits cours d'eau il n'est désormais plus guère visible.
Le ruisseau de Pinaout naît près de la maison Bignaou, longe un chemin privé lequel permet d’accéder à une palombière. Il est peu accessible, au fond d'un vallon escarpé.
Le ruisseau de la Hountrasse (grosse fontaine) prend sa source derrière la maison Bellocq, tourne brusquement à droite au niveau de la Parguie de Bellocq pour  longer un chemin rural dissimulé dans la végétation et rejoindre le Louts.
Le Louts décrit ensuite quelques méandres sans affluent jusqu'à son confluent avec le  ruisseau de l’Eglise formé lui-même par les ruisseaux de Leplante, venu de la maison Petit Letapy, et le ruisseau de Marthian. les deux ruisseaux  se rejoignent après avoir, en quelque sorte, " délimité" l'emplacement de l'ancienne  église.
 Il s'engage ensuite dans le large vallon qui s'ouvre sur la plaine du Louts, accepte le ruisseau de Brocas que le promeneur doit franchir au niveau d’une petite prairie, suit le chemin du Cimetière en creusant dans la roche calcaire des bassins où autrefois on pêchait des truites, formant même une cascade au bord de la voie communale n° 7. (Photo prise un jour d'étiage!).
Il n'est pas encore arrivé à destination : à quelques mètres du confluent il est rejoint par le ruisseau  de la Bache dous Berns ( la plaine où poussent les vergnes) qui est lui-même alimenté par le ruisseau du Mas (le pisshot du Mas). L'un et l'autre traversent la voie communale n° 7 et sont la cause de passages  fortement boueux, que les promeneurs doivent franchir sans possibilité d'éviter de plonger au moins un pied dans la fange  et ce en toutes saisons, même après quatre mois sans pluie. 
Le ruisseau de la Bache dous Berns reçoit aussi le ruisseau de Sègnerat, venu de la fontaine de Crestian. Ce dernier  longe la zone boisée où se trouve la Grotte de Menjot (dont il est question dans plusieurs articles précédents). Très pittoresque, il a également creusé la paroi jusqu'à former une marmite de géants, de taille modeste bien entendu, mais qui vaut le détour. La voie communale n° 7 le franchit par un pont.
Ces trois ruisseaux ne sont guère marqués sur le terrain car ils se perdent un peu dans la zone marécageuse qui constituait les « communs » du village où stationnaient en hiver les bergers itinérants venus des Pyrénées.
Le  dernier, le ruisseau du Haou,  venu de la fontaine de Yocks , constitue la limite est de la commune, au-delà de D3. Un petit moulin (qui ne fonctionnait que par grosses eaux) y était installé, à proximité de Saint-Jean de Bosc. Ce dernier est noté sur les plans cadastraux du XIXe  Dans un document antérieur au cadastre napoléonien (un terrier des seigneurs de Caupenne, dont Jacques de Cauna m'a fourni un extrait),  il est d'ailleurs  appelé "Ruisseau de Saint-Jean de Bosc".  Le toponyme "Haou" m'a longtemps laissée perplexe. Le "haur" en gascon est le forgeron. S’il y a eu, de tout temps, un forgeron au bourg, à la maison "Haou", ainsi que dans d'autres maisons proches de l'église,  aucun "haur" n'a jamais été mentionné  à proximité de ce ruisseau.
Mais voilà que, ce jour, 1er octobre 2023, j'e reçois le Bulletin de la Société de Borda n°551 et me lance aussitôt dans la lecture de l'article de Jean-Jacques FENIE.
  De quelques noms de rivières et lieux humides dans le bassin de l'Adour.
J'y lis ceci : "citons ...la Barthe du Haou, apparemment fort boisée. En dépit de l'apparence, ce n'est certainement pas celle du haur, "forgeron" ; c'est au contraire un affouage, un bois communal, ( "latin fagus, qui a donné hau, au sens de "bois" en latin médiéval) où l'on peut, (pouvait), aller chercher du bois de chauffage.
Effectivement ce ruisseau, qui sépare Lahosse de Caupenne, parcourt les anciens "communaux", propriété des barons de Caupenne, mais que les habitants de Lahosse pouvaient utiliser librement. A tel point que, durant la Révolution, la municipalité avait réuni la population pour "partager les communaux". Le baron de Caupenne dut intervenir pour rappeler qu'il en était propriétaire. Ce dernier n'ayant jamais émigré, ils lui restèrent acquis.

La partie de la commune au sud de la D 158,  délimitée par Lamarque et l’ancien bourg, se trouve sur le bassin versant des LUYS
Cette zone ayant une superficie inférieure, les ruisseaux y sont en moins grand nombre.
Citons : Le ruisseau de Trubès, minuscule, qu'il est difficile de suivre sur le terrain. Le ruisseau de Petit Fayet et le ruisseau dous Labedès (lavoir) presque parallèles, qui rejoignent le ruisseau du Mié lequel sépare – sur quelques mètres – Lahosse de Baigts.

FONTAINES.

Il me faut d'abord préciser ce qu'on entend par "fontaine" dans notre village. Car si vous cherchez une fontaine bâtie, avec son bassin, son robinet, vous chercherez en vain.
Il n'en existait  d'ailleurs  aucune à Lahosse. Le sous-sol étant extrêmement riche en eau, grâce à la présence d'une nappe souterraine, les sources sont de ce fait très nombreuses. Ce sont ces sources qui, sur les plans et dans le langage des villageois, sont couramment dénommées ainsi.
Chaque maison a (avait)  pour ainsi dire la sienne. Les maisons originelles  semblent avoir été implantées à proximité d'une source.
De nos jours ces "fontaines" n’existent plus guère que dans la mémoire de ceux qui les ont connues et utilisées. Il m'a donc fallu interroger successivement les habitants de chaque quartier et la description que j'en donne est celle qui m'a été fournie. En voici quelques unes, en vrac. A vous de les placer sur la carte. A quelques exceptions près, elles portent le nom de la maison.

On nous a longuement parlé de la fontaine (sans nom ?) située près de Bellocq. Elle était abondante (raison pour laquelle le ruisseau qui prend là sa source se nomme « ruisseau de la Hountrasse ?), l’eau était à température constante (donc fraîche en été). 
Dans la même zone se cache la fontaine de la Hountrasse, qu’un riverain souhaiterait  restaurer. On y cultivait du cresson. 
Près de Pouy de Pens, en contrebas, il y avait la fontaine de Maria qui fournissait l’eau à la maison, située plus haut, comme son nom l'indique.  Mais les arbres ont poussé, les tracteurs ont chamboulé les lieux.  Où est la « fontaine » maintenant ? Et qui en aurait  besoin pour y mettre les bouteilles au frais  à l'époque des foins ?
Odette affirme qu'elle m'y aurait menée, si elle avait pu marcher. Peut-être...
Près de Yox, la fontaine de Yox, restaurée récemment, pour le plaisir par un jeune agriculteur. Sur la photo, près de la bouteille de Ricard, on peut voir la buse (couverte) et, au premier plan  le départ du ruisseau du Haou.Fontaine de Yocks.

Près de Menjot, la fontaine décrite ainsi par André, un temps métayer. "On avait placé une buse qui permettait de prendre l’eau pour les besoins domestiques. Suivait un bassin – construit – où buvaient les animaux. Et, plus loin, un autre bassin où on lavait le linge". 
En fait, ce modèle était fréquent.

La fontaine de Marthan, à la  source du ruisseau de même nom, où « tout le monde allait laver le linge » et prendre l’eau. Elle était proche de maisons qui n'en avaient peut-être pas (Marthian, Thoumiou, Petit Letapy ?). Elle est restée dans les mémoires pour son abondance. Quelque trois cent mètres plus bas le ruisseau de Marthian n'est jamais à sec.
Une fontaine se trouvait en bas des champs de Born où l’ancien métayer avait placé un tonneau pour recueillir l’eau afin que le bétail puisse se désaltérer (mais on ne l’utilisait pas pour boire).
La fontaine de Pédelavigne où on prenait l’eau potable et où on lavait le linge car le puits à Born (maison proche) était profond de 20 mètres et tarissait en été, par temps sec. On allait aussi chercher de l’eau au Louts, avec des barriques, pour le bétail.
Il y avait à Sepz une « source magnifique » me disait Louison Sarrès.  Que l’on ne retrouve plus "depuis les sondages effectués pour rechercher du pétrole" il y quelques années de cela. Cette même source se retrouve à Pouchon où on a « des petites eschourdes ». entendez par là une source bouillonnante, très abondante. Les Eschourdes estle nom du lieu où est captée l'eau du réseau de distribution publique, à Donzacq.
Mora avait la sienne - maintenant recouverte – plus bas que la maison évidemment. Elle servait essentiellement pour faire boire le bétail et, plus tard, uniquement lorsque le puits "tombait en panne".            Derrière Trubès était une source abondante, qui a probablement valu à la maison dénommée par la suite Lannevère  d’être appelée « Hountrasse » dans les premiers documents connus.
A Simourte se voit encore une source au pied de laquelle on avait creusé.
La maison de l’Eglise prenait l’eau et lavait le linge en bas, près du ruisseau de Marthian, où une source affleurait.
La source qui donne naissance au petit ruisseau du Bélier était captée  dans le pré, à droite du chemin qui mène au petit pont. L’eau était amenée au bélier, abrité par un édicule bien particulier toujours visible, et ce système ingénieux permettait de monter l’eau au château du Loumaing. Il n'y avait cependant qu'un filet d'eau au robinet, d'après un voisin, qui l'a entendu dire ...

L'abri du bélier. Photo B. Cahuzac.


Cet inventaire est loin d’être terminé.
Des fontaines, il y en avait donc partout. A tel point que Lahosse pourrait bien être appelé : « le village aux cent fontaines ».

Ces fontaines étaient bien pratiques. Vint une époque où l'on entreprit de creuser des puits. Certains furent équipés de pompes, on y adjoignit un bassin pour laver le linge. L'adduction d'eau dans les années 50 sonna la fin des fontaines, mares et cressonnières.

Certains puits se voient encore de nos jours. Je les ai photographies au cours de mes balades pour rencontrer les habitants. Voici les premières photos.

Fossat en 2023

 

Le même en 2010. Au moins, il n'a pas disparu !
Celui du presbytère (Preuilhé)

 

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