Tout près d'ici une étrange construction.

Publié le par R.D.

Lorsque on quitte Lahosse à l’est du village pour prendre la D 3 en direction en direction de Pomarez et Donzacq, peu avnt le carrefour avec la route de Saint-Cricq, sur le territoire de la commune de Baigts, se trouve le domaine de Beyruie.

Mon attention a toujours été attirée par un curieux bâtiment, bien visible de la route, dans le parc du château de Beyrie.
Qui mieux que le propriétaire des lieux serait à même de répondre à mes interrogations, ai-je pensé un jour.
Voici donc un résumé des explications fournies sur place par Monsieur Alain de Barbeyrac.
Ce bâtiment s’inscrit dans un épisode de l’histoire du domaine de Beyrie au XIXe siècle. Précisons que Beyrie fut une des nombreuses caveries (petites seigneuries) des Landes ou du moins une maison titrée. L’abbé Foix a établi la généalogie des Lacoste (Lacoste-Beyrie dès 1780). Le dernier résident est Arnaud Lacoste-Beyrie, maire de Baigts de 1816 à 1821.
Est-ce lui qui vendit le domaine à Auguste Dupeyrat (ou Du Peyrat) en 1848 ? Je n’ai pas poussé mes recherches, ce point n’étant pas essentiel à mon propos.
Auguste Dupeyrat  en fit l’acquisition à cette date et fit acte de candidature auprès du Département qui recherchait un domaine assez vaste pour y créer une ferme école. Le domaine de Beyrie, que travaillaient une dizaine de métayers, s’étendait sur 150 hectares.
Sa candidature fut retenue et la ferme école vit le jour. Auguste Dupeyrat en devint le directeur. Les bâtiments de l’école furent construits à proximité de Beyrie,  celui qui nous intéresse sera  ajouté entre la maison d’habitation et les bâtiments d’exploitation. Le bâtiment qui hébergeait l’école a été conservé, c’est la maison qui comporte deux tourelles, qu’on aperçoit un peu plus loin, à l’est.
Qui était ce personnage ?
Né en 1798 Auguste Dupeyrat est d’origine landaise. La sépulture familiale se trouve dans le cimetière de Goos. Polytechnicien, il fit aussi des études d’architecture, entra aux Ponts et Chaussées, travailla dans la région puis s’installa à l’île Bourbon (actuellement Île de la Réunion) où il épousa la fille de riches propriétaires. Le couple revint dans la région de Toulouse où l’oncle d’Auguste dirigeait une ferme école. C’est lui qui fit construire le bâtiment qui nous intéresse.
La demeure vendue par Arnaud Lacoste-Beyrie était une maison bourgeoise, classique, construction du XVIIIe, très semblable à la maison Lanevère à Lahosse, avec dépendances contiguës et un porche d’entrée, comme au Couston. Voici le plan des lieux au début du XIXe  (AD Landes)     

  et une vue de la façade extraite des plans établis par l’architecte chargé de la modification de la demeure par les ancêtres de Monsieur de Barbeyrac .

Auguste Dupeyrat  la conserva telle quelle mais mit à profit ses talents d’architecte pour édifier une nouvelle construction - la bâtisse qui nous intrigue – destinée, d’après A de Barbeyrac à l’habitation. Le style en est  très particulier (allez voir sur place, il n’est nullement nécessaire de pénétrer à l’intérieur de la propriété). Ce mélange d'éléments architecturaux a bénéficié d’une certaine vogue au cours du XIXe siècle.


Le bâtiment comporte quatre niveaux. L’intérieur – qui n’a jamais été achevé - est aussi déroutant que l’extérieur. Le premier   niveau a été aménage par les de Barbeyrac pour servir de logement aux métayers du domaine.  

Le premier étage est éclairé par des ouvertures en forme de trèfle qui ne laissent pas passer plus de lumière qu’un œil-de-bœuf.


Quelle était la destination  de ce curieux deuxième étage, composé d'une seule pièce, sans aucune cloison ? Impossible à dire. L’étage au-dessus est "normal". Un grenier termine l’édifice. On y accède  par une ouverture en façade à l’extérieur, moyennant une échelle assez longue ! et par un escalier intérieur. Sur le linteau on lit : LA RESERVE. AD 1849-1855. Au-dessous de la lucarne une inscription en latin.
L’école d’agriculture a cessé de fonctionner en 1870. Dupeyrat décéda en 1877. Le domaine fut vendu et démantelé. Les nouveaux propriétaires utilisèrent le bâtiment pour y entreposer la part des récoltes qu’apportaient les métayers. On montait le foin au grenier à l’aide de poulies. Puis vint la fin du métayage. Cette construction saugrenue a été conservée. Doit-on la considérer comme une verrue dans le paysage, ou comme une œuvre originale digne d’intérêt ?
A ce propos, un point reste sans réponse : la signification du nom attribué au bâtiment. La Réserve.
J
'ai un vague souvenir d'avoir lu que le terme a un sens précis à la réunion. Mais où et quoi ?

 

                                

Mes sources.

Un article du Bulletin de la Société de Borda,  Pierre Féral, La ferme-école de Beyrie, 1957, 1er trimestre, p. 183-211.
Monsieur Alain de Barbeyrac

Note; On me signale une construction similaire à Labatut, route d'Oeyregave.

Le 1er mars 2024 cette photo publiée sur une page intitulée :
https://www.facebook.com/patrimoinedeslandes
 

Avec cette légende :
Environs de Baigts, château de Beyrie, 14e siècle !

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