D'où vient votre patronyme ?

Publié le par R.D.

Extrait de Voyage aux Pyrénées de Victor Hugo, Editions CAIRN.


"Quand on m'interroge touchant mon nom dans les bureaux de diligence, j'en ôte volontiers la première syllabe et je réponds : M GO, laissant l'orthographe à la fantaisie du questionneur Lorsqu'on me demande comment la chose s'écrit, je réponds : "Je ne sais pas." Cela contente en général l'écrivain du registre, il saisit la syllabe que je lui livre et il brode ce simple thème avec plus ou moins d'imagination, selon qu'il est ou n'est pas homme de goût. Cette façon de faire m'a valu, dans mes diverses promenades la satisfaction de voir mon nom écrit des manières variées que voici :
M Go - M. Got - M. Gaut - M. Gault - M Gaud - M.Gauld - M. Gaulx - M. Gaux - M. Gau.
"

Ainsi procédaient les officiers d'état civil, les curés, les notaires ou autres personnes amenées à orthographier un nom que seul le déclarant connaissait et dont il ne pouvait pas donner l'orthographe s'il ne savait ni lire ni écrire. Victor Hugo s'amusait  mais jusqu'au milieu du XIXe siècle c'était bel et bien le cas pour la grande majorité des villages.

Il faut bien connaître le contexte local  pour "lire" certains noms de lieux ou de personnes dans les premiers registres BMS. C'est ainsi que ma connaissance des noms actuels me permet  de "lire" certains noms que  Jean-Christophe Landalle,  qui a effectué les relevés des naissances et mariages à Lahosse de 1692 à 1792, orthographie comme il peut.  Voici quelques exemples de noms de maison - qui existent toujours - pris dans ces relevés : Borgnusan, Loorte, Truès, Gouriel, Coué, Marcau, Marbhid, Macau, Marcau, Lousaunau, Themoui, Broucail, Honnes, Peylas, Janourte, Bigaou, Magounan, Lamey Souayte.

 Il n'est pas rare que le même rédacteur opte pour une graphie différente pour le nom d'une maison, à deux années de distance (c'est le temps moyen entre deux naissances) !  Les modifications sont généralement minimes lorsque le rédacteur est un autochtone mais, lorsque un autochtone  confie le mot gascon à un  un "horsain", qui ne connaît pas la langue locale, on se trouve face à de curieuses appellations, déroutantes pour qui débute en toponymie. Il faut parfois demander à un "local" de prononcer le mot pour retrouver le mot (gascon) qui est à l'origine.

J'ai expliqué ailleurs comment un lieu de Caupenne dénommé Joan Bòsc  (en gascon, graphie normalisée) Jean-de-Bosc actuellement, devient selon le document (plan, cadastre, carte), Jeune bois, Jeanne Bois ou Genevois. Ces derniers noms relevés sur des documents m'ont laissée longtemps perplexe. Avec ce seul exemple nous retrouvons le processus décrit par Victor Hugo! 

Cela explique les graphies très variées d'un même patronyme ou d'un même toponyme. Voici le diverses graphies d'un nom de lieu de Lahosse, qu'on retrouve dans d'autres villages :  Marehein, Marein, Marhane, Marhing, Marin, Marhin.

 

 

 

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