L'ancienne église de Lahosse

Publié le par R.D.

 

Jusqu’en 1928 - date de sa démolition - l’église du village se trouvait au centre du  cimetière actuel, lequel entourait le bâtiment sur trois côtés.

La vue ci-dessus permet d’y placer  l’édifice: le porche se trouvait  au niveau de l’allée nord-sud, le chœur sur l’emplacement du petit bâtiment à l’est.   

 

 Le plan reproduit ici, établi en 1939 par Darricau de Saint-Sever, indique l’espace libéré par la démolition de l’église : 355 m2. Dans le cimetière actuel les tombes antérieures à cette date  se trouvent à l’extérieur de cet espace.

L’église et son cimetière s’inscrivent dans un triangle, délimité par deux ruisseaux (ruisseau de Leplante et ruisseau de l’Eglise) qui se rejoignent au nord-est, au pied de  trois collines.

Cette photographie aérienne datant des années 50 montre  bien la situation  de l’église, nichée  dans son  vallon, entre deux ruisseaux.

         Le village est lui-même construit sur un plateau, en bordure de la plaine du Louts. Plusieurs brèches s’y ouvrent et pénètrent profondément à l'intérieur.

Celle qui conduit à l’église est la plus large et la plus longue. Cette voie d’accès était  protégée : en effet, sur les premières hauteurs à l’entrée de ce passage subsiste une maison dénommée « Lessalle », toponyme qui témoigne de la présence  d’une maison forte au Moyen Age. La légende place un établissement religieux dans ce bas-fond, une abbaye, dit-on.  

En 1877 l’instituteur du village, Louis Saint-Martin, rédige une monographie du village dans laquelle il écrit : Elle (la commune de Lahosse) possède une église, située dans un bas-fond, qui a été bâtie, dit-on, par des religieux.

Plusieurs  indices viennent renforcer  la probabilité de l’existence d’un établissement religieux antérieur à la création de la paroisse.

Tout d’abord, il existe un lieu-dit Saint-Jouan et un autre dénommé   Leplante (enclos planté d’arbres) à proximité immédiate. Plus à l’est, proche de Lessalle, un toponyme qui ne figure pas  dans le cadastre actuel, « Pé de Saint-Jouan », désignait jusqu’à la Révolution, la maison Farthouat. « Pé » signifie « limite » dans certains cas dont deux à Lahosse (Péhoudie et Pédelebigne). Farthouat (c’est le nom des habitants) se trouverait à la limite des possessions  de cet établissement.

Il aurait pu s’agir d’un prieuré, d’un hospice, d’un établissement des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. N’oublions pas que le chemin de Saint-Jacques passait à proximité (Larbey, Baigts) et que le Louts se franchissait aisément à pied. Mais pour cette période nous n’avons aucun document.

Je n’ajouterai pas, pour étayer mon argumentation, la légende qui veut que les moines étaient enterrés à Simorthe … (« mort » - prononcez « mourt » - en gascon signifie « mort » !), ni le fait qu’une pièce de monnaie (ce qui en reste), trouvée dans notre jardin, à été authentifiée par un numismate comme étant une pièce frappée par une abbaye! Il va de soi que ces derniers éléments ne figureront pas dans le texte s’il est un jour publié dans le Bulletin de la Société de Borda.

Cependant ma conviction personnelle est que l’église que nous connaissons date de la même période que la plupart des églises de Chalosse et n’est pas celle d’un prieuré qui serait devenue église paroissiale. Pour s’en convaincre il suffit d’observer l’architecture de celles qui subsistent. En faisant abstraction des ajouts, modifications ou autres embellissements on y retrouve certaines caractéristiques de l’architecture extérieure (abside, ouvertures, porche) et intérieure (plafond).

Louer

Je citerai : Saint-Laurent de Caupenne, Ozourt, Louer, et  Saint-Etienne à Souprosse (Photo).

Saint-Etienne Souprosse

Jean Bernard MARQUETTE, dans un article intitulé : La formation du réseau paroissial en Gosse, Seignanx et Pays d'Orthe (VIE -XIVe siècles) fait observer que, dans les secteurs boisés du sud ouest, dans le cœur de la Chalosse ou du Parleboscq, le réseau paroissial s'est formé plus tardivement, ces secteurs étant restés longtemps à l'état de  saltus. La mise en valeur du sol coïncide avec l'accroissement de la population.

 

Que savons-nous de cette église ?

Nous disposons d’une documentation qui, bien que  restreinte, nous permet d’en fournir une description et de retracer son histoire. A savoir :

  • Plusieurs photographies dont une carte postale fournies par des habitants.
  • Un plan (élévation et plan au sol) établi par l’architecte Séron, joint au dossier de reconstruction de 1900. (Archives communales Lahosse).
  • Les plans cadastraux de 1810 et 1848 (AD Landes 286 W 141 et E dépôt 141 /1 G2).
  • Un plan du cimetière (1861)  (AD Landes E dépôt 141/2 M 3).
  • Un second plan du cimetière (1939) (AD Landes E dépôt 141/3  M 3)
  • Les minutes de Me Devergeron, notaire à Lahosse (AD Landes  3  E art 148).
  • Les registres des délibérations de la commune de Lahosse (E dépôt 141 1D1 et 1 D 2) et autres documents conservés aux AD Landes dont la référence sera indiquée.
  • Le Cartulaire de la Cathédrale de Dax. Georges  PON et Jean  CABANOT, CEHAG 2004
  • Inventaire des biens dépendant de la fabrique, 7 mars 1906. AD Landes 70 V 169/6
  • Les rares témoignages des personnes qui ont connu l’ancienne église.
     

Description de l’église.

Plusieurs photographies retrouvées dans les archives familiales permettent  une représentation assez précise du bâtiment.

 

Extérieur :

Le cliché  ci-dessus  est signé Meyranx.  Il  a été pris juste avant la démolition, sans doute à la demande des partisans de la conservation. Laurent  Meyranx,  qui tient actuellement le magasin de Mugron, a facilement retrouvé la plaque que son grand-père avait archivée et j’ai pu obtenir un tirage. Le cliché   est pris du champ au-dessus du ruisseau de Leplante.

On y aperçoit (à droite)  le passage (pont rustique enjambant le Ruisseau de Leplante) aménagé pour permettre au desservant, logé au Grand Preuilhé, l’actuel presbytère,  de franchir le ruisseau afin de  rejoindre l’église au plus vite. Il servira encore, bien après la disparition de l’église, pour rejoindre le cimetière.  Le chemin était empierré et bordé de buis, affirme un habitant du Petit Preuilhé, qui se souvient également que les gens passaient pratiquement sous les fenêtres de leur habitation.

Ce deuxième cliché montre nettement le côté sud avec la deuxième ouverture du porche. La date est inconnue. L’église n’est pas le sujet principal, la photo pourrait être plus ancienne.

La  troisième photo, sur laquelle figure la chapelle Boisot,  est donc postérieure à l’année 1913, date de la construction de la chapelle mortuaire de cette  famille. L’étude des vêtements permet-elle de proposer une date ? Les deux clichés ont été fournis par  G. Noureau.  Ses parents habitaient la maison Léglise, dont on voit le mur de clôture à gauche.

La quatrième, en bien mauvais état, a été dénichée  à la maison Couston. Je sais par ailleurs que Joseph  Daverat, durant les années de guerre (14-18) possédait un appareil photographique puisque d’autres  clichés pris par lui sur le front se  trouvent au Couston.

Sur  cette photo du  mariage de François Marquebielle et Jeanne Sarrès le 5 janvier 1926, on voit nettement  le clocher dont le toit  semble effectivement passablement dégradé.

L’église était assez grande mais peu haute. Les murs extérieurs atteignaient  à peine  4 mètres. Les ouvertures étaient proches du sommet. Le faîte du toit à deux pentes se trouvait à 8,50 mètres du sol.

 

Le clocher, surmonté d’une flèche de 1,50 m,  avait une hauteur de  16 mètres. Le toit était couvert de tuile romane. Ceci se vérifie sur le plan en élévation de 1902.

Intérieur :

Le dernier document iconographique est une carte postale que nous avait apportée Francis Arribehaute  dans les années 1980 et que j’avais reproduite  avec les moyens du bord - un appareil photo argentique tenu au-dessus de la carte postale,  en m’efforçant de ne pas trembler. Et ceci est le tirage que j’en avais fait.

Mes requêtes auprès des familles susceptibles de lui avoir confié ce document ne m’ont pas permis de le retrouver et d’en faire une copie plus nette. J’ignore si la carte postale  portait des indications de l’auteur.

Le  plan au sol établi par l’architecte Séron pour accompagner le projet de reconstruction de 1902 vient   préciser les informations  fournies par cette photographie.

Le plan étant établi à l’échelle 1/100e  il est aisé de retrouver les dimensions intérieures de l’édifice qui occupe un rectangle de 21 mètres sur 17. La nef a une largeur de 7 mètres. Les collatéraux, de même longueur, mesurent 5 mètres de large. Ils ouvrent  sur la nef par  trois arcades (l’une d’elles est visible sur la carte postale) et  reposent sur des piliers carrés qui portent des chapiteaux, non visibles car cachés par la chaire.  La nef est éclairée par huit ouvertures (quatre dans chaque collatéral) qui atteignent presque le sommet du mur. Celles qui se trouvent près du chœur sont disposées à égale distance. Les deux autres, à l’entrée, sont plus rapprochées. Sur le côté sud s’ajoute une quatrième ouverture, située à mi-hauteur dans le mur. Ceci n’est visible que sur les photographies.  Il  pourrait s’agir d’une ancienne porte, celle qui donnait sur le bâtiment d’école, qu’on aurait  munie d’un vitrail, peut-être afin d’éclairer le baptistère. Mais ceci est une supposition car nous ignorons l’emplacement de ce dernier.

La nef se prolonge par un chœur de dimensions réduites (7 mètres sur 3). Il est éclairé par deux ouvertures. Celle de droite apparaît sur la carte postale. Le chœur se prolonge par une sacristie, de dimensions à peu près égales, à laquelle on accède par une ouverture à droite mais également par l’extérieur, toujours à droite. Deux ouvertures laissent entrer la lumière. Sur le toit apparaît un clocheton. Est-ce là qu’on a placé la petite cloche en 1775 ? Le texte rédigé par le vicaire Mérignac le 30 avril 1775 dit ceci :

Aujourd’hui trentième avril 1775 a été bénie par moi Mérignac vicaire de Lahosse soussigné une petite cloche qui était ci-devant au petit clocher sur le maître-autel et sacristie de l’église saint Jean de Lahosse, que tous les habitants soussignés et autres lui ont donnée l’année 1737. Sans aucune réserve pour annoncer au puble les saints offices et qui était autrefois à la chapelle sainte Catherine du bourg de Lahosse, que les habitants ont laissé détruire …

 Est-ce cette même cloche qui avait été conservée  à la Révolution pour appeler les citoyens aux assemblées communales ? Et qui se retrouve dans le clocher de nos jours ?

A l’ouest on accède à  l’église par une porte de 2 mètres de large, protégée par un porche ouvert sur deux côtés. Sa longueur totale est de 10 mètres pour 5 mètres de large.

On retrouve donc le plan au sol du cadastre   de 1810.

Le  plan simplifié du cadastre de   1847 est identique  ainsi que celui du cimetière établi en 1861 pour un projet d’agrandissement du cimetière.

L’inventaire des biens dépendant de la fabrique, établi le 7 mars 1906, après lecture d’une protestation par l’abbé Labastugue (jointe au document) complète nos informations. Il liste  les éléments suivants :

Dans la nef :

  • un portail en bois, sans garniture de fer, scellé
  • deux bénitiers à l’entrée, scellés
  • fonts baptismaux en pierre, entourés de deux statues en bois peint représentant des saints, en très mauvais état
  • deux confessionnaux en bois mobiles
  • un chaire  fixe avec escalier tournant et abat-voix surmonté d’un ange
  • un chemin de croix composé de 14 tableaux peints 50/50
  • huit vitraux dont 4 peints
  • 50 chaises
  • une statue de Saint Antoine en terre cuite
  • un christ en bois, 2,50 m de haut
  • cinq lustres, 1 en bois doré avec 1 rang de bougies, 4 en fil de fer recouvert de papier doré
    Dans le chœur :
  • un maître autel, 1,50 m de large en bois peint entouré de colonnes et anges adorateurs en bois – fixe
  • grilles de fer scellées
  • six chandeliers en bois doré, 40 cm de haut
  • un christ en bois doré 30 cm
  • deux vitraux représentant des saints
  • deux lustres en bois doré, un rang de bougies
  • un tableau, 3/2 m, sans valeur artistique
  • deux statues Saint Jean Baptiste et Saint Michel, 80 cm
  • boiseries scellées sur sièges.

Dans la sacristie :   une bannière en drap dorée, usée
Dans le clocher :    deux cloches en bronze verni de dimensions inégales, scellées.  
Certains éléments sont visibles – ou se devinent – sur la photographie.  D’autres se retrouvent dans les divers documents cités.

Pour conclure, cette note ajoutée au document :

L’église de Lahosse est la propriété de l’Etat. Sa construction remonte à une  époque antérieure à la Révolution. Elle affecte une forme rectangulaire et mesure environ 25 m de long sur 15 m de largeur. Le sol sur lequel est bâti cet édifice peut être évalué à 20 francs l’are.

Comme dans d’autres églises, certaines familles y avaient leur  sépulture. A partir de 1692 les registres paroissiaux enregistrent  les décès. Le curé indique toujours  le lieu de la sépulture. C’est le cimetière pour les habitants ordinaires,  (Jeanne de Maquenan, Jean Laborde de Loustau), l’église  pour les notables (Jean Domenger de Garneuy, Jean de Sepz du Dauphin, Marie de Vergeron) ou ceux qui ont les moyens d’acquérir plus tardivement le droit d’y être enseveli, le meunier Pussacq., Viellotte du Cabé ou les artisans du bourg.

D’autres  documents attestent  la présence de tombeaux dans l’église. En 1736 le curé Larrocque « vend à Marie de Laborde, veuve de Jean Viellotte, procureur juridictionnel du présent lieu, une sépulture … dans l’église …confrontant Borjuzan, Barbé et un arceau de l’église … pour enterrer Jean Viellotte qui mourut hier soir ».

Et  ce billet, non daté, trouvé dans la maison du Couston.

En 1778 l’épouse de Jean Dumartin, 80 ans, sera la dernière personne à être inhumée  dans l’église. Cependant jusqu’à la Révolution, les morts des familles les plus importantes seront enterrés sous le porche (Adrian  Fayet ou le notaire Devergeron).

Les notables  y avaient leur banc. Le  3 mai 1790 on constate que « les bancs assis de l’église  à l’usage de Portets, Larreyre et Fayet, de même que les chaises et petits bancs ont été enlevés. Manoeuvre faite pendant la nuit sans que nous y ayons prêté la main d’aucune façon.

En août 1812 lorsque le maire, Dazet, démissionne il est invité « à sortir le banc qu’il a placé dans un endroit distingué de l’église ».  Ce banc « occupe le lieu de sépulture du sieur Domenger de Born, de Lanavère à Brocas et Bucau au Bignaou ».

Quelques témoignages.

Francis Arribehaute, ancien chantre, né en 1915,  évoquait bien sûr, cette église, démolie sans réelle nécessité (selon lui), mais il est décédé avant que je n’entreprenne mes recherches vers 2003. Il restait peu de  personnes susceptibles d’avoir des souvenirs à ce moment là.

Seule Yvonne L., née en 1923, pouvait affirmer  avoir  connu l’église. Son grand père était chantre et elle l’accompagnait. Je la cite : «L’église était très grande et très belle. Pas tellement en mauvais état, sauf peut-être du côté de la sacristie. Il y avait des statues et un lustre magnifique. Derrière l’autel,  des anges, avec leurs ailes. »

Roger L. m’a confié récemment avoir vu, entreposées dans un hangar  chez un particulier, dans un village voisin, il y a une trentaine d’années, les colonnes du retable de l’ancienne église. Ecoutons-le :

« Il y a de cela une trentaine d’années (dans les années 8o) je me suis rendu chez un particulier à Donzacq pour  remettre les clés d’une métairie. A mon grand étonnement, le propriétaire des lieux me montra le retable de l’ancienne église. Je le reconnus aussitôt. « Oui » dis-je « c’est bien ça ». De hautes colonnes en bois, sculptées, avec des ceps de vigne et des grappes de raisin. Exactement comme mon père les décrivait, car il  les y avait transportées avec le sacristain un peu avant la guerre».

Une rapide enquête me permit d’identifier le lieu. Par chance, la personne contactée connaissait l’existence de ces éléments. Hélas, le domaine de l’acquéreur venait d’être vendu. Mon informatrice  avait assisté à la vente aux enchères des meubles et avait vu partir les colonnes. Mon enquête s’arrêta là.

Cette personne  affirme qu’une statue provenant de l’église de Lahosse se trouve dans celle de Donzacq. Cette église étant fermée, je n’ai jamais eu l’occasion d’aller vérifier si la statue en question figure dans l’inventaire, lequel ne recense d’ailleurs curieusement aucune statue de la Vierge ou de Saint Joseph.

 

L’église au cours des siècles

Cette partie relate l’histoire du bâtiment, de manière non exhaustive, jusqu’à sa démolition en 1926. Le lecteur y trouvera parfois la confirmation de la description ci-dessus à quoi s’ajoutent  des précisions qui viennent la compléter.

Le Cartulaire de la Cathédrale de Dax  recense cinq actes qui font référence à la paroisse – donc à l’église – de Lahosse. L’acte 174 « Nom des églises de cet évêché » la cite sous la désignation Sanctus Johannes de Lefosse (Saint Jean Baptiste de Lahosse). Cet acte, qui est une copie,  date, selon les auteurs, du dernier tiers du XIIe siècle. Ces documents attestent donc l’existence d’une église à Lahosse vers 1150. Elle est dédiée à Saint Jean Baptiste,  comme une quarantaine d’autres  sur les 438 que compte le département.

Pour une nouvelle mention  de l’église il nous faut attendre les premiers registres paroissiaux (1638) qui précisent  si les  enfants  sont baptisés dans l’église Saint Jean ou dans la chapelle du bourg. Mais nous n’y trouvons évidemment aucune description des lieux.

Les  minutes de Me Devergeron et les documents postérieurs nous décrivent régulièrement une église en très mauvais état, nécessitant constamment des « réparations urgentes ». 

 

Ainsi en 1773 cette délibération signée par les « principaux habitants de  Lahosse ».

« Délibération des habitants de Lahosse pour réparations à la sacristie.

Les habitants de Lahosse …réunis à la maison du Dauphin où les assemblées de la communauté ont accoutumé de se faire ont dit que leur église du dit Lahosse principalement le mur de la sacristie et en grande partie du sanctuaire de la dite église sont très ruinés et menacent d’un écroulement prochain y ayant dans plusieurs endroits des crevasses et ouvertures si bien que le sieur curé est en danger d’être enveloppé dans le dit écroulement et d’y perdre la vie».

Durant les années révolutionnaires l’église est rapidement  détournée de sa fonction de lieu de culte. C’est ainsi que Le 6 mars 1790 (c’est la date de la première « entrée » dans le Registre) l’assemblée des habitants réunis pour élire les officiers municipaux  s’y tient, sous la présidence du curé Chabot.

Le 10 mai 1790 on procède à  l’inventaire des revenus de l’église. Le 8 octobre 1791 le curé Chabot donne du fil à retordre à la municipalité. Il refuse de prêter serment et  tente de faire faire deux copies des clés de l’église. Mais le serrurier de Montfort n’ayant pas osé obtempérer, le curé se trouve à la porte de son église dont la clé est confiée au citoyen Lanavère, lequel est chargé de l’ouverture et de la fermeture de la sacristie. Quant au curé Chabot, « au premier jour, il sera remplacé et la paroisse aura un curé constitutionnel», dit le Registre.

Le 13 novembre 1791 l’assemblée des citoyens a à nouveau  lieu dans l’église – « ouverte par Jean Vergeron de Pé de Saint-Jouan ».

Le 18 décembre 1791 on procède à l’inventaire de « l’argenterie » de l’église, ce qui inquiète la municipalité car cette « argenterie » avait été léguée à la paroisse par le curé Larrocque de son vivant. La commune n’est  pas encore entrée en possession du legs puisque ce dernier ne décède que le 13 janvier 1792.

Le 27 mars 1792 on se plaint du ci-devant curé déplorant « le mal qu’il n’a cessé de faire ».

L’église est fermée. Un  arrêté du directoire du département des Landes qui stipule que « les gendarmes sont tenus d’éloigner les prêtres qui n’ont pas prêté serment et qui troublent la tranquillité publique » est recopié dans le Registre.

S’y ajoute la copie d’une « attestation du gendarme « nationalle » (sic) qui a signifié au sieur Chabot, curé de Lahosse, l’arrêté du département pour l’éloigner de 4 lieues de Lahosse ».

Le 2 avril 1792 on procède à  l’installation de M. Laforgue Fourcade, curé constitutionnel. Il est logé au presbytère.

Les opposants se  manifestent : un certain Jean Nadau, domestique chez la veuve Fayet, a sonné les cloches et le même jour les clés de l’église ont disparu ! Quelques mois plus tard on retrouvera le  nom de ce sonneur de cloches dans la liste des « volontaires désignés » pour être enrôlés comme soldats.

Le dimanche 8 avril 1792 le curé Laforgue prête serment dans l’église à 7 heures du matin, « la majorité du puble y étant assemblée ».

Le 17 mai 1792 un nouvel incident est rapporté : « On sapperçut, à six heures du matin avant la messe, que, dans la nuit, on avait enlevé toutes les chèzes et les bancs et les escabelles  et fracturé une bande de fer qui sert à fermer un coffre qui reçoit les aumônes ».

Le mobilier est  cependant retrouvé dans le bois en face du petit Preuilhé, maison voisine  de l’église

Le 27 mai 1792 on procède à un nouvel inventaire des objets de l’église. Le rédacteur  rappelle  qu’il est nécessaire d’éloigner Chabot ce dernier étant  « réfractaire ».

En décembre 1793 (le sextidi du 2e décadi de frimaire de l’an 2)  l’argenterie est remise à Saint-Sever (contre reçu). En voici la liste : 1 croix, 1 lampe, 1 ostançoire (sic), 1 plat avec les burettes, 1 goupillon, 1 plat, 1 cuiller à baptême, 1 calisse (sic) et d’autres objets dont je ne parviens pas lire le nom, le tout estimé à 4 000 livres.

Le 22 décembre 1793 « des citoyens menés par Jean Sepz et Lanavère » demandent que la messe soit célébrée à Noël. La municipalité répond qu’elle ne peut pas statuer mais dresse procès-verbal et l’envoie au Comité de surveillance. La réponse de ce dernier ne figure nulle part.

En mars 1794 l’église sert toujours de lieu de réunion  pour la population. La 6 mars 1794 le « reste » de l’argenterie est remis au district. Cela afin de « détruire le fanatisme jusque dans ses racines ». Le rédacteur ajoutant qu’il est « déjà quasi détruit ». Cela semble exact car le 6 septembre 1794  une distribution de secours aux nécessiteux  a lieu dans « le temple de l’être Suprême ».

En mars  1794 les habitants se rassemblent dans l’église pour partager les biens communaux. Lahosse n’en possède pas mais on ne s’en apercevra que plus tard. L’église  sert également d’entrepôt. Le foin réquisitionné y est entreposé.

Le 26 avril les commissaires se transportent « dans la ci-devant église » pour établir l’inventaire des objets qui s’y trouvent. Mais le Registre ne fournit pas cette liste.

Le 27 avril on décrète qu’il faut « se débarrasser des  objets qui ont servi à tromper le puble » et l’on fera en sorte « qu’ils disparaissent dans les plus brefs délais ».

Le 28 juillet 1794 la communauté  émet une protestation, recopiée dans le registre : Dartigoeyte ayant acquis le Grand Preuilhé la commune n’a plus de local pour la « maison d’enseignement ». Impossible d’utiliser l’église, trop humide, entourée de marais et qui de plus « présente un danger pour la jeunesse ».

Le 26 juillet 1795 (8 thermidor an III) le registre nous fournit une description de l’église et du cimetière, à la page 167. Ce texte  vient confirmer  la description des bâtiments d’après les plans de 1902. A noter que les adjonctions autres que la sacristie (commodités et salle d’école) que je me hasarde à situer au sud vu la deuxième ouverture,  ont disparu en 1902 ainsi que sur les plans cadastraux de 1810 et 1837.

Voici le texte (presque intégral). La syntaxe et l’orthographe sont respectées.

« Nous Bernard Daraignez et Marc Tardits, commissaires experts et députés  nommés par la municipalité de cette commune conformément à la loi n° 150 art II du 11 prairial an III concernant l’état où se trouve la ci-devant église de cette commune après en avoir fait la visite nous n’y avons trouvé aucune espèce d’argenterie ni métallique hors une cloche qui sert à la municipalité pour les assemblées ni aucune espèce de linge ni aucune espèce d’habits ci-devant sacerdotox dans  la ci-devant sacristie ou cabinets (armoires NDLR)  qui sont dans le dit lieu qui servaient ordinairement pour la majeure partie de cet objet totalement vides à l’exception de trois ou quatre livres et de cinq à six bouts de chandelle pesant à peu près une livre et demie et deux vieux chandeliers d’airain.

             De là nous sommes passés dans la ci-devant église et avons visité le ci-devant maître autel. Nous l’avons trouvé tout défait et très endommagé à la réserve du corps du  ci-devant tabernacle. Toutes les pattes et clous qui tenaient les cadres et boiseries ont été enlevés.

            De plus nous avons passé aux collatéraux des côtés, nous avons trouvé que la commune les a fait remettre en état comme la loi n° 150 le permet.

De là nous avons monté au clocher. Nous y avons trouvé environ une toise (de corde ?) très endommagée pour en tirer une des deux cloches qui y était.

            De là nous sommes passés au ci-devant cimetière. Nous n’y avons trouvé aucune espèce d’arc-boutant dans les portes qui fermaient le dit endroit.

De là nous avons visité les commodités qu’on y a enlevé la porte et les ferrures et tout les tuiles qui la couvrait qui la tenait et fermait.

            De là nous sommes passés où on tenait ci-devant l’école pour les petits enfants pour leur apprendre la lecture et l’écriture. Nous avons trouvé qu’on y a enlevé la porte, fenêtres et cabinet et toutes les ferrures qui fermaient le dit objet. C’est tant que nous attestons et certifions véritable. »

Les  délibérations ne seront plus transcrites jusqu’en juillet 1800 puisque les assemblées communales sont  supprimées.

Ce n’est qu’à partir du moment où  J-B. LARREYRE devient maire, en juillet 1800, que le registre est à nouveau tenu. Et que nous pouvons reprendre l’histoire de l’église.

Nous citerons,  au passage, deux textes rédigés (et transcrits) par Larreyre qui nous fournissent une  description du cimetière, un peu excessive, espérons-le. Un avocat est souvent amené à dramatiser. Peut-on y voir  la raison pour laquelle certaines sépultures de fraîche date se trouvant sous le porche n’ont pas été conservées ? Vu l’état des lieux la famille pourrait les avoir déplacées.

 21 pluviôse an IX (novembre 1802).

Avis pour être affiché à la porte de l’église servant au culte.

            Le maire de Lahosse invite les habitants de cette commune auxquels l’usage de cet édifice national a été concédé pour l’exercice de leur culte de faire dans le plus brefs délais les réparations nécessaires à la clôture du lieu dépositaire des cendres de leurs pères,  à mettre leurs tombeaux, ces objets du respect le plus religieux, même pour les peuples les plus sauvages, à l’abri d’être dégradés et profanés par l’invasion des animaux.

            Le maire de Lahosse espère que le zèle des dits habitants pour la décence et le respect de cet édifice national dont l’entretien, ainsi que de ses dépendances, est à leur charge puisqu’ils en ont la jouissance, dispensera le dit maire de remplir le devoir rigoureux de la surveillance pour l’intérêt de la nation, de dresser procès-verbal des dites dégradations et de les dénoncer à qui de droit pour les faire cesser.

Signé : Larreyre, maire.

Un mois plus tard Larreyre revient à la charge et redouble d’indignation.

           A Lahosse le 22 frimaire an IX de la République (décembre 1802).

Considérant que les citoyens qui ont eu un temps plus que normal pour faire les réparations sollicitées autant par l’intérêt de la chose publique que par la décence et le respect dû aux cendres des morts et que néanmoins ils n’ont même pas fait la plus légère disposition pour dénoncer du moins leur intention de remplir des obligations aussi sacrées nous nous sommes transporté aujourd’hui sur les lieux pour dresser procès-verbal de leur état et situation et après avoir parcouru l’enceinte du local servant de cimetière nous avons trouvé que les deux portes principales servant d’entrée sont dans le plus grand délabrement sans ferrures d’aucune espèce sauf quelques gonds hors d’état enfin de servir à leur destination, c'est-à-dire de fermer le local.
            Nous avons observé de plus que les murs de clôture sont dégradés dans leur totalité et dans certains endroits renversés de fond en comble en sorte que, présentant des ouvertures de plusieurs toises, le  dit cimetière est labouré dans tous les sens par les animaux qui s’y introduisent sans le moindre obstacle si bien que plusieurs fosses  ou tombeaux notamment sous le porche étant décarrelés et défoncés à une grande profondeur offrent le spectacle le plus hideux et le plus affligeant excitant les sentiments indignés de l’horreur de la pitié d’une morne douleur.

            

 

Et comme ces objets de dégradation n’existent que depuis que cet édifice national a été confié à l’usage des citoyens ci-dessus mentionnés qu’il ne leur a été concédé avec ses dépendances et appartenances qu’à la charge de l’entretien qui est une condition inséparable et qu’il est urgent d’appeler enfin sur une négligence aussi coupable une responsabilité que l’intérêt national, celui de la décence publique de l’humanité dégradée voilée dans son dernier asile de la religion enfin réclament à grands cris, nous maire susdit arrêtons qu’expédition en forme de procès- verbal sera incessamment par nous adressée  au Sous Préfet du 2ème arrondissement pour par lui être ordonné et avisé ce qu’il appartiendra. 

 

Le 21 juin  1809 une lettre du  préfet  fait référence aux réparations à effectuer à l’église, au  clocher notamment. Le 10 août 1811 le registre   déplore  « un clocher et une église qui tombe en ruine ». Le clocher  n’a donc pas été réparé. On fait établir un devis pour une cloche. Le 6 février 1812 un  nouveau devis pour le clocher est établi : 450 francs.

Le 7 août 1812 le maire,  Dazet,  qui a démissionné est invité à « enlever le banc qu’il a placé dans un endroit distingué de l’église en tant que maire ». Comme il refuse d’obtempérer, la municipalité se chargera de « le faire enlever d’autant plus que ce banc occupe le lieu de sépulture de plusieurs maisons, à savoir : Domenger de Born, Lanavère de Brocas, Fossats et Bucau du Bignaou ».

La même année, de Chauton de Souprosse répond au maire (Fayet) qui lui avait vraisemblablement demandé d’intervenir pour obtenir un « secours » pour la réparation de l’église, en ces termes :

 « Je conseille de faire faire les réparations à vos frais et éviter ainsi les formalités et la lenteur pendant lesquelles le clocher pourrait bien s’écrouler ».

Loin de suivre ce conseil, la municipalité choisit la  « lenteur » des démarches administratives ! Les dossiers, souvent incomplets, sont retournés par les autorités. A charge pour la municipalité de recommencer. Mais le clocher ne s’écroulera  pas pour autant.

Le 15 août 1812, c’est sur la place, devant l’église, qu’est  fêté comme il convient l’anniversaire de l’empereur. Du moins c’est ce qu’inscrit le maire dans le registre. Qu’en est-il dans la réalité ? Où donc est cette place ? Il est difficile de la situer sur les plans dont nous disposons. De là à penser que ces festivités ne furent que virtuelles …

En 1813 la municipalité envisage donc à nouveau  la réparation du clocher. Sans réponse du préfet à sa première demande,  la commune fait établir un nouveau devis pour la somme de 987 francs. Il est prévu que les habitants fourniront le bois gratuitement et une souscription volontaire permettra de financer les travaux.

Le 4 avril 1813, en l’absence de réponse du préfet, un nouveau devis est établi pour la réparation du clocher : 1374.13 francs. On décide l’ouverture d’une souscription.

 En 1817 il est à nouveau question de la réfection du clocher. Mais ce dernier tient toujours ! Il « abrite même l’école » ! Au sens figuré car l’école se tenait dans un bâtiment adossé au mur extérieur , à droite de l’entrée, comme dit plus haut. A noter cependant que cette adjonction n’est pas représentée sur le plan cadastral de 1810.

Le 4 février 1817 nous lisons à nouveau ceci :  

 Le clocher est dans untel état que les gens de l’art qui l’ont vu s’étonnent qu’il ne se soit déjà écroulé. Qu’afin de prévenir un désastre d’autant plus redoutable qu’il expose la vie des habitants surtout celle des enfants dont l’école est attenante.

Le 23 mars 1818 une  nouvelle « délibération relative à la réparation du clocher » parvient à la Sous-préfecture de Saint-Sever.

Le clocher se trouve dans un tel état de pourriture qu’il menace d’une ruine prochaine et expose la vie des habitants surtout celle des enfants dont l’école st attenante et peut d’ailleurs causer par sa chute des dommages que cette petite et pauvre commune ne serait peut-être jamais en état de  réparer.

En janvier 1819 le clocher est    finalement réparé.  La participation du département s’élève à 80 francs  mais la commune a  des difficultés pour payer les artisans : Puyo et Tardits.

En 1824 Sophie de Foix-Candale, veuve Dartigoeyte,  finance  des réparations à l’église. Quels travaux ? Des réparations urgentes, sans doute, mais il reste beaucoup à faire. Nouveau départ, donc. En 1828,  le sous-préfet déclare l’adjudication des travaux à l’église « inadmissible ». Il fallait allumer trois bougies ! Tout est à recommencer ! Cela semble décourager la municipalité car, en 1829, le sous-préfet écrit au maire demandant « si vous êtes toujours dans l’intention de demander un secours du gouvernement  pour votre église ».

Des travaux sont exécutés, mais il est difficile de dire lesquels, car, si des devis sont approuvés et joints aux délibérations, les décisions ne sont ne sont pas nécessairement suivies d’effet. Et lorsque le dossier est complet et en règle c’est l’argent qui fait défaut ! Nos édiles n’exagéraient-ils pas  quelque  peu dans leurs descriptions de l’état de l’édifice ?

Le 15 mai 1837, premier pas vers la laïcité,  la commune fait l’acquisition d’un tambour pour « remplacer les usages de la cloche ».

Le 8 mai 1838 le maire déplore à nouveau « l’état de délabrement de l’église de Lahosse (qui) nécessite d’urgentes réparations à la toiture,  charpente, murs et arceaux ».

Le 19 mai 1841 la situation est toujours aussi grave car « un arceau de l’église menace de s’écrouler » ! Ce qui semble vouloir dire que rien n’a été fait.

En 1849, voici une (nouvelle) expertise  du clocher :

 Celui-ci(l’expert)  a dit que le clocher ( à l’est auquel le plafond de l’église est appuyé) couvert en tuille à crochet était dans un si mauvais état que les lucarnes dessus des quatre ouvertures sont à découvert et sans tuilles  et qu’il en manquait aussi sur plusieurs pointes du clocher et le cordon des quatre angles était également en partie sans tuile à canal de sorte que les eaux pluviales tombaient partout dans l’intérieur, sur la charpente, le plancher et les murs du clocher, que le mur à l’est auquel  le plafond de l’église se trouve appuyé étant trempé par l’effet des pluie,s son humidité ne peut manquer de se communiquer au plafond et de le dégrader du côté du levant et attenant au plafond de l’église se trouvant mouillé et trempé ne peut tarder d’humecter aussi le plafond et de le gâter également qu’il est pressant de faire réparer le  couvert pour éviter de plus grands dommages.

Mais si on procède bien  à la refonte de la cloche en 1848 il n’est pas dit que des réparations au clocher ou à la toiture sont  effectuées.

En 1861 une lettre du maire, accompagnée d’un plan, insiste sur la nécessité de réparer l’église. Le ruisseau a creusé, et les murs du chœur  se trouvent maintenant  en surplomb. Il est prévu d’y remédier en détournant le ruisseau (ce qui sera fait) mais les murs du cimetière nécessitent également une réfection. Ces travaux auront la priorité  sur les réparations à l’église.

Des documents trouvés dans la maison du Couston (le maire de l’époque était Etienne Daverat) contiennent  un devis pour la réfection  du clocher établi en 1870 par un charpentier de Laurède, dont le nom n’est pas indiqué.

Ce devis extrêmement détaillé,  (12 pages !) nous fournit indirectement une description du clocher projeté. Le clocher prévu aurait été octogonal, avec une lanterne de huit faces carrées, (1.29 m / 1.29 m) avec des corniches en bois. Une flèche de 5 mètres de haut, et le tout couvert de bardeaux en cœur de chêne. Il est évident que ce projet n’a pas été réalisé.

Etienne Daverat, dans une lettre aux autorités, insiste à nouveau sur le mauvais état de l’église. Les murs de la sacristie ont toujours « besoin de réparations urgentes ».

En 1897 on lance une souscription qui rapportera  la somme de 1 005.50 francs. Le devis fourni par l’architecte Mr Séron   est accepté. Le financement est trouvé.

En 1889 la fabrique  accepte un legs de 200 francs (Madame Boisot). Cette somme « sera  employée à la réparation de la façade de l’église qui menace de s’écrouler. Déjà le mal est si grand que l’écartement des murs s’accentue de jour en jour et fait prévoir une catastrophe prochaine ». En mars 1898  les réparations sont définitivement prévues : on consolidera les murs du chœur et on ajoutera des « contrefondations ». Une délibération en date du 10 février 1901 demande l’autorisation d’exécuter les travaux en régie. Les travaux sont chiffrés à 1900 francs. La commune a obtenu une subvention de 500 francs, la Fabrique participe pour 100 francs. La participation de la commune s’élève à 240 francs. (Il manque cependant la somme de 54.50 francs).

Voici un extrait de cette  délibération :

3° Considérant qu’il serait plus avantageux que les travaux se fissent en régie pour les motifs ci-après : les souscripteurs, et, en particulier les colons (et ils sont la majorité) ont, en souscrivant, manifesté le désir que les travaux se fissent en régie, alléguant cette raison qu’ils fourniront encore plus de travail pour le transport des matériaux que par le montant de leur souscription, s’offrant pour faire ces transports (….)

            Considérant que comme dans toutes les restaurations de vieux monuments il pourra se produire des imprévus qui nécessiteront des dépenses supplémentaires et des modifications au plan dressé par l’architecte.

            Considérant que l’ablation d’une partie du mur du cimetière sera nécessaire … et que le bois pour les pilotis sera fourni gratuitement par un propriétaire généreux.

            Considérant que cette dépense supplémentaire  et celles qui sont probables, si elles viennent à se produire, pourront être couvertes par le boni sur le bon marché du transport des matériaux et des manœuvres qui n’hésiteront pas à donner une journée à 1,50 franc lorsque la souscription n’est que de 1 franc.

Mais cet énième  projet de réparation ne sera pas mené à bien. Pour quelles raisons ? A l’initiative de qui ? Les sources sont muettes.  Vers la fin du siècle  de nombreuses communes avaient remplacé leur ancienne église romane par une construction néogothique. On fait donc établir un plan pour une nouvelle église par l’architecte Séron. Le 1er novembre 1902,  une délibération du conseil municipal approuve ce plan.

Un an plus tard, le 30 août 1903, rien n’est réglé.  Le choix du terrain ne fait pas l’unanimité : il est rejeté par six voix contre 4.Le 20 septembre 1903  le  Conseil Municipal, réuni à 16 heures 30 en séance extraordinaire, prend une délibération pour accepter  l’offre de financement de Mr Boisot (10 000 francs). Mais lorsqu’on en vient à  voter l’acquisition du terrain -près du presbytère- les choses se compliquent. Un premier vote (à bulletin secret) donne 6 voix pour et 6 voix contre. A cette époque le conseil municipal comportait 12 membres, tous présents à la séance. Un deuxième vote ne modifie pas le résultat. Il reste une solution : un scrutin « public » comprenez  à main levée. Le résultat est le même mais le procès-verbal  nous donne le nom des opposants : Béguerie, Ducamp (cabaretier à la maison de l’Eglise) Tachoires, Daverat Sylla, Duvignau et Labadie.

Sont favorables au déplacement : Boisot, Daverat Numa (le maire) Daverat Hippolyte, Tardits Charles et Guillaume, Daverat Paulin. L’acquisition du terrain est finalement votée, le maire étant président de séance, sa voix est prépondérante.

Sur la lancée on vote une demande de subvention « la plus large possible ».

En marge du texte, dans le registre, figure  une annotation au crayon, non signée. En voici le texte :

« Ces trois délibérations n’ont été prises qu’après une longue discussion qui ne s’est terminée qu’à une heure avancée de la nuit et ont dû être formulées à la hâte au courant de la plume et partant improvisées ».

Le registre  des délibérations ne consigne aucun détail concernant l’avancement du projet. Les archives municipales conservent bien le dossier de reconstruction qui comporte le rapport de l’architecte en date du 28 mai 1904.  La consultation de documents émanant de la préfecture nous éclaire un peu sur ce qui s’est passé car cette église ne sera jamais construite. Le premier dossier de 1903 (plan,  devis et  cahier des charges)  sont retournés à l’expéditeur car le dossier est incomplet. Le rapport de l’Ingénieur en Chef (concernant ce projet)  en date du 27 novembre 1903 est fort sévère. Le dossier est retourné à la préfecture  l’année suivante le 23 juin 1904. Le devis a subi une augmentation de 3 000 francs.

Il est bien approuvé par le Conseil Général et le Comité des Bâtiments Civils mais les choses traînent. Lorsqu’en février 1905 le préfet demande « des nouvelles du projet de reconstruction de l’église »  le maire répond : « Je ne vous ai pas envoyé les pièces car elles ne sont pas établies ». Que s’est-il passé ? Numa Daverat décède en 1907. Hippolyte Daverat devient maire. Lors de l’installation du conseil municipal le 17 mai 1908  il semble que les  candidats à la mairie ne se bousculent pas. Deux élus refusent le poste de maire, des conseillers démissionnent, d’autres sont absents.  Par la suite, il n’est plus question de l’église excepté le 30 novembre 1908. Une délibération envisage la réparation des vitraux sans qu’on puisse  dire si elle a été suivie d’effet. Durant les  années qui suivent  l’état de l’église ne s’améliore  probablement pas.  Finalement,  le 18 décembre 1926 celle-ci est  fermée.

(Arrêté municipal du 18/12/1926.)

« Vu le rapport de M. Deprunaux en date du 6 décembre 1926 sur l’état de l’église

Considérant que la sécurité des fidèles n’est plus suffisamment garantie et qu’il serait imprudent et dangereux de maintenir l’exercice du culte dans l’église de Lahosse arrêtons :

L’église de Lahosse sera fermée à partir du 19 décembre 1926 jusqu’à nouvel ordre». (Archives municipales de Lahosse).

Le Registre des Délibérations fait état du « transfert des objets nécessaires à la célébration du culte religieux … et  (de la nécessité) de faire enlever ceux qui seraient susceptibles d’être endommagés si les murs venaient à tomber ».

 

Une nouvelle église sera consacrée en 1929.Voir l'article publié précédemment.

En janvier 2022 Jean Luxcey m'a remis la maquette de l'église (toit en bardeaux et vitraux inclus). Une journée sera organisée pour la présentation aux habitants du village. La maquette est visible en mairie.
En voici une (mauvaise) photo.

 

 

 

 

 

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