La grotte de Menjot.

Publié le par R.D.

Philippe SOUSSIEUX a aimablement accepté de décrire la grotte de Lahosse.
Menjot est à plus d’un kilomètre à l’est du village de Lahosse. En continuant au nord depuis
cette ferme, il faut descendre vers le ruisseau de Ségnerat, petit affluent du Louts. En longeant
le coteau qui borde la vallée, on aperçoit un affleurement rocheux dans lequel se découpe
un petit abri. Au fond, une étroite et courte galerie descendante donne accès à une
petite salle peu profonde. Le plafond est orné de quelques concrétions calcaires, dont une
belle draperie à dentelles.
À l’avant de l’abri d’entrée, côté sud, une ouverture basse, dont l’aspect et les dimensions
font penser à celle d’un terrier, est l’unique accès à une galerie de plusieurs dizaines de
mètres de développement, sur le tracé d’un cours d’eau souterrain. Dégagée pour la première
fois en 1978 par Philippe Soussieux, qui l’explora sur environ 70 mètres, il la topographia
en août 1982 avec Joannès Gaudy, de Bastennes, aussi familier de spéléologie, et
le plan fut publié en 1984 dans Les Landes souterraines. Auparavant, en 1981, avec huit
autres grottes des Landes, celle de Menjot avait été mentionnée dans Les grandes cavités
françaises de Claude Chabert, ouvrage publié par la Fédération française de Spéléologie.
Pour franchir la voûte d’entrée et pénétrer dans la galerie, il faut se présenter en position
allongée. Puis le plafond se relève, si bien que, même par endroits, on peut se tenir debout.
La plupart du temps néanmoins, pour avancer, il faut adopter la position accroupie ou
à quatre pattes, quand il n’est pas nécessaire de ramper. Le parcours devient très vite le lit
du ruisseau, tapissé de cailloux, de pierres ou de petits galets dans la première partie.
Au 16e mètre, on débouche dans une chambre au pied d’un puits obstrué au sommet. Selon
les témoignages d’anciens, recueillis vers 1980, autrefois des moutons venus trop près
étaient tombés dans le trou. Vers 1945-1950, c’est une vache qui chuta. Restée bloquée à
mi-hauteur, on ne put la remonter ; le trou fut alors obstrué au sommet pour éviter de
nouveaux accidents. Aujourd’hui encore, au pied du puits que l’on franchit en parcourant la
galerie, des restes d’ossements amoncelés sur le cône d’éboulis témoignent de ces chutes
d’animaux. La hauteur visible de la cheminée au-dessus est d’environ 4,50 mètres.
Après les pierres et les cailloux, le sol devient boueux sous le ruissellement du cours d’eau.
Au 37e mètre, un élargissement en une nouvelle chambre permet de se relever. Cette
chambre se distingue par une imposante stalactite d’un mètre de hauteur, dont la couleur
blanchâtre tranche sur le gris et le brun des parois. Plus loin, un effondrement de la voûte
donne à la galerie un aspect chaotique. Un petit déblaiement fut nécessaire pour permettre
la poursuite de l’exploration.
Mais quelque quinze à vingt mètres plus loin, de nouveaux éboulements se présentent.
Dans cette dernière partie, les parois de la galerie semblent plus terreuses ou argileuses
que rocheuses, d’où une instabilité du boyau qui rend la progression dangereuse. Il est
donc préférable d’éviter de s’aventurer dans cette partie et surtout de ne pas tenter des
déblaiements pour éviter le risque latent d’effondrement.
Plusieurs membres du Spéléo-Club des Landes, dont notre ami Alain Dubois qui a réalisé
les photos illustrant ce texte, ont exploré cette curiosité naturelle peu connue des autochtones.
Avec un développement pénétrable de plus de 80 mètres, la grotte de Menjot peut
sembler bien modeste par rapport à un très grand nombre de cavités, dont celles de Pyrénées
voisines, mais pour les Landes, peu karstiques, elle se classe parmi les dix cavités les
plus étendues.
Philippe Soussieux
Photos : Alain Dubois.

Et d'ajouter quelques photos prises par Alain Dubois lors de la dernière visite :

 

Devant la grotte

 

Draperie de la salle d'entrée

 

Entrée dans la galerie

 

Une progression au ras du sol

 

La grande stalactite

 

Les parois rocheuses de la galerie

 

Un sol de pierre et de cailloux

 

Un ruisseau toujours présent

Note : la photo "de couverture" montre le ruisseau de Sègnerat.

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R
Merci pour cette belle découverte et félicitations pour la qualité de vos travaux.
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