Le pont sur le Louts

Publié le par R.D.

 

Première photo du pont en 2004.

Dissimulé dans les broussailles côté Lahosse,  mais toujours  bien visible de la rive droite du Louts côté Lourquen,  se trouve un petit pont de pierre à une seule arche, connu seulement des nostalgiques du passé et des anciens du village. Les habitants n’hésitaient pas à l’appeler « pont romain » mais, mais même s’il a probablement toujours existé (il faut bien traverser les cours d’eau) l’ouvrage actuel ne date pas des romains.

Voici ce que nous avons pu découvrir concernant l’historique :

Sur la carte de Cassini, établie avant la Révolution, figure la voie qui relie Mugron à Montfort en passant par Lourquen. Elle emprunte bien un pont sur le Louts, au niveau du Moulin de Lourquen. Vous pouvez vérifier, la carte de Cassini est facilement accessible.

A cette époque  aucun autre pont ne permet le franchissement du Louts à l’est sur le territoire de la commune avant Saint-Aubin.

Sur le plan cadastral de LAHOSSE établi en  1810, ce même chemin qui dessert Baron de Bas,  Marbieilh et  Lacabanne,  rejoint le Louts à l’endroit où est indiqué un pont : « pon rouge ».

Sur le plan de 1813 le pont est toujours marqué : « pon rouge ».

Sur le plan de 1847  le pont est à peine signalé. La route actuelle (D158 qui rejoint la D 32 et passe par Caousse)  ne figure toujours pas sur ce plan mais elle ne tardera pas à être construite.

Le plan cadastral de LOURQUEN, zone du lieu dit « Barthe du Four », daté du début du XIXe siècle, indique bien ce même pont.

Sur le plan de 1838 le pont s’appelle désormais : « Pont de pierre ».

 

Quelle est la date de construction du pont ?

Deux lettres du maire de Lourquen  à Monsieur Fayet, maire de Lahosse, nous donnent la réponse.

Voici le texte de la seconde lettre, datée du 19 juin 1816. (ADL 40 E141 M1),

Lourquen le 19 juin 1816

Le Maire de la Commune de LOURQUEN

À Monsieur le Maire de la Commune de LAHOSSE

Monsieur,

Par ma lettre du 4 avril dernier que j’ai eu l’honneur de vous écrire je vous ai donné avis que la Commune de Lourquen a fait construire un pont sur le Lous proche du Moulin de Lourquen pour la communication des communes voisines une chaussée doit être faite, appuyée à ce pont pour pouvoir faciliter au public le passage au temps du débordement du Lous. Les habitants des communes de Lourquen et de Lahosse sont les plus intéressés que cette chaussée soit faite et notamment ceux qui avoisinent le passage du moulin de Lourquen. Ils ne se refuseront pas je l’espère à fournir de (?) et ouvriers de brasse pour aider ceux de Lourquen à faire la construction de cette terrasse.

Monsieur le Maire je viens vous faire ( ?) de nouveau la prière de vouloir engager vos administrés à concourir à cette construction. Mr Domenger de Born, votre adjoint se chargera de la direction des bouviers et ouvriers de Lahosse, comme il me l’a témoigné. Veuillez lui communiquer la présente affaire qu’il puisse s’entendre avec nous.

Recevez Monsieur le Maire l’assurance de ma considération.

Dans le registre des délibérations de LAHOSSE (ADL 40 E137 D1) on ne trouve aucune mention de la demande, ni de la suite qui aurait  été donnée.

Donc, la construction du pont actuel remonterait à l’année 1816 ou 1815.

Dans le Registre des Délibérations de la commune de LAHOSSE (AD Landes E dépôt 141) , le pont est mentionné, antérieurement à cette date, le 22 vendémiaire  an XIII  (1800).

On y lit ceci : (extraits).Procès verbal.

« Un marchand de DAX, revenant de POYANNE, se plaint que « son cheval chargé de marchandise s’est enfoncé sur un pont situé sur le grand chemin de LOURQUEN (voisin du moulin) dans les communaux du dit LOURQUEN au ….? du moulin et qu’il a couru risque de périr avec son dit cheval qu’il n’est parvenu à dégager qu’en déchargeant la marchandise »

Le maire (Jean-Baptiste LARREYRE) couche le procès verbal dans le registre des délibérations et s’en tient là.On comprend pourquoi la commune de Lourquen a reconstruit le pont.

Nous ne savons rien de plus sur celui  qui existait jusque là. Etait-il en pierre ? En bois probablement.

D’après un témoignage oral, un meunier de Lourquen aurait raconté que, en 1650, le pont en bois avait été mis à feu par les troupes de Balthazar, et  reconstruit à cette date.

Ce pont a continué à être utilisé malgré la construction du « grand chemin ».

Pour preuve cette délibération du mois d’août 1896 (archives Communales Lahosse).

La commune de Lourquen envisageait de « déclasser et d’aliéner au profit de la commune le chemin vicinal entre le vieux pont sur le Louts et le moulin de Lourquen ». L’agent voyer demanda l’avis de la municipalité de Lahosse.Lequel avis fut  négatif et formulé ainsi :

« Le Conseil Municipal considérant que ce chemin quoique en très mauvais état est très pratiqué par les piétons pour se rendre dans les communes voisines et surtout à Mugron par tout le quartier du Loumaing et de l’Eglise à cause du détour que l’on prend en suivant le chemin n° ,8 que même le colon de Maquenan  qui cultive des terres de l’autre côté du Louts y passe très souvent même avec le bétail, le conseil municipal s’oppose à la vente et au déclassement du dit chemin ».

Effectivement Charlotte, dont les parents étaient métayers à Maquenan, raconte qu’elle y menait les vaches et faillit s’y noyer en voulant récupérer la bête qui y était tombée.

On l’appelle de nos jours : « pont des sorcières ». Appellation sans doute récente. Tous les ponts de ce type y ont droit.

Il est  étroit et son franchissement était certainement délicat pour un attelage retournant de Mugron les jours  de marché. Les sorcières attendaient les bouviers - et même les piétons - au retour et le risque de basculer dans le Louts était réel, sorcières ou pas, car les sorties au marché ne se faisaient jamais sans visite aux nombreux cabarets.

On raconte également que lors du mariage de l’un des propriétaires du château (avant la prolongation de la route départementale)  l’attelage qui conduisait la fiancée  n’avait pas pu franchir le pont. Il avait fallu décharger la cargaison et embarquer fiancée et trousseau sur un attelage promptement dépêché  sur l’autre rive.

 

Ce pont a fait l’objet de plusieurs tentatives de restauration. A plusieurs reprises il a été débarrassé bénévolement de la végétation qui l’encombrait. Voyez  la photo au début du texte, prise en 2004.  L’association Le Pin Franc avait entrepris sa remise en état en 2008.

 Puis est survenue la tempête et les fortes eaux ou les embâcles ont eu raison de la pile rive droite. Voyez la photo !

Il est de nos jours difficile à trouver et parfaitement inutile puisque le chemin côté Lourquen a été aliéné donc il ne permet même plus d’éviter la départementale pour rejoindre la voie verte.

Cet article sera bientôt la seule preuve de son existence.

Après la tempête.

 

 

Un autre pont à sauvegarder ?

            Grâce à un article du Journal SUD OUEST (16 mai 2009) nous avons appris l’existence d’un pont désaffecté  sur le ruisseau de Cazaux à la limite des communes de Montfort et de Poyartin, « découvert » par Maurice Gassie.

            Carte en main je suis partie à sa découverte. Je l’ai trouvé plus rapidement que celui de chez nous (il m’avait fallu plusieurs tentatives …).

            Comme le nôtre, ce pont a été remplacé par un ouvrage plus adapté, qui enjambe  le même cours d’eau (le ruisseau de Cazaux),  lors de la construction des routes départementales dans la première moitié du XIXe siècle.

            Comme le nôtre, il est accessible par un chemin rural mais il ne conduit nulle part car la voie s’arrête là.

            Comme le nôtre, il a une seule arche et  on l’appelle facilement  « pont romain ».

            Comme le nôtre il a été malmené par les années et les arbres qui poussent contre les piles ou même sur le tablier.

            Comme le nôtre il est (ou était ?) bien visible de la berge. Lors de ma première visite  le  lopin de terre qui permet d’y accéder avait été récemment nettoyé. Des arbres y avaient  même été  plantés.

            Comme le nôtre, il est destiné à devenir carrière de pierres car les bénévoles qui l’ont restauré une première fois et qui ont tenté de susciter chez les élus un intérêt pour une restauration éventuelle l’ont probablement oublié.

          Comme  le nôtre, il se situe entre deux communes (Montfort et Poyartin pour celui-ci, Lahosse et Lourquen pour le nôtre). Comment savoir qui en est   propriétaire ?

Voici quelques photographies prises, comme vous pouvez le voir, il y a un certain temps !

Et maintenant que j’ai aiguisé votre curiosité il me faut tenter de vous le situer.

Itinéraire : De Montfort-en-Chalosse prendre la direction d’Orthez jusqu’au pont de Sarret, juste  après la route de Gibret. Garez-vous ou vous pouvez. Retournez au Chemin d’Aliénor d’Aquitaine et cherchez au milieu des arbres, face à la route de Sarret.

Pas sûr que vous le trouviez. Moi-même je n’y suis pas retournée récemment. J’ignore quelle est la configuration des lieux actuellement.

Pour le GPS : 48.54034651

                      0.92863427 Géoportail).

Ci-dessous quelques photos.

 

Voici les photos.
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