Le moulin de Clauzon.

Publié le par R.D.

 

Le moulin était dans le  passé un élément essentiel dans un village. En 1807 on en  recensait 1550 dans le département. Beaucoup ont disparu, d’autres ont été  transformés en maison d’habitation. Lahosse possédait le sien, le moulin du Clauzon. C’est le bâtiment désaffecté,  en bordure de route, sur la D3, en direction de Mugron, juste avant le Site du Souvenir.
 

Le moulin vu du site du Souvenir en 2008.

   Le moulin à travers les siècles.

Il a été construit en 1505 par le baron de Caupenne qui possédait  une portion de Lahosse – environ  45 hectares à l’est. Dans un dénombrement (1) de 1664 il est décrit comme un « moulin à deux meules, en pierre, couvert de tuile ».

A la Révolution, la réponse à une enquête nous apprend qu’il existe « deux moulins à eau  sur la commune, l’un sur le Louts, l’autre sur un petit ruisseau à deux ou trois cents mètres l’un de l’autre, appartenant au ci-devant baron de Caupenne. Le grand moulin du Clauzon, assis sur le Louts, à trois meules et trois roues à plat, comporte trois murs, un grenier, le tout fort délabré, le ci-devant seigneur ne donnant pas assez de soin à Lahosse. Le second ne fonctionne que dans les grosses eaux ».

Ces deux moulins  figurent bien sur la carte de Cassini.

Les biens du baron de Caupenne furent  « saisis et séquestrés au profit de la république » en 1793. Le moulin, la maison du Clauzon et la métairie de Latéoulère, avec ses terres et une tuilerie, appartenaient en fait à François De Cès, curé de Caupenne.

 Nous ne savons pas si ces biens furent effectivement vendus. Cependant, en 1825, De Cès (le baron) est propriétaire du moulin. Il en va de même en 1857, date à laquelle les riverains portent plainte. Ils affirmaient  que le moulin était  cause d’inondations préjudiciables aux récoltes sur leurs terres. Des pièces du dossier (AD 40 1Q 148) nous avons extrait ce petit dessin : 

 

Sur le plan de 1810 le « mouliot » dénommé  « de Condamine », est indiqué. Le moulin du Clauzon apparaît  isolé : un petit pont franchit le Louts  au nord mais la route actuelle (D3) ne sera construite que plus tard.

Notons que le moulin proprement dit n’était pas maison d’habitation. Il y avait, dit-on, une chambre pour le meunier.

 

   Les meuniers.

Ils  venaient  généralement de familles de meuniers établies dans d’autres villages. A partir de 1750 on note une certaine stabilité : on y trouve Jean Despuios dont le père, qui  décède en  1762, était meunier à  la Gouaougue. Sa fille épouse André Pussacq en secondes noces. Son premier mari, mort accidentellement, est enterré dans l’église en 1774. Pussacq devient agent municipal à la Révolution.

Parmi les meuniers du siècle suivant on note Larrère, père et fils, apparentés à la famille Daverat du Couston, jusqu’en 1851 puis Jean Deyres, époux Larrère. Ce dernier est remplacé par Pierre Tachoires et son fils. Vers 1925 Henri Campagne viendra s’installer au Clauzon. On connaît le sort réservé à ce dernier, fusillé par les allemands à l’âge de 67 ans. Les frères Lauilhé, venus de Poyanne, prirent la relève. Le moulin cessa de   fonctionner vers  1955.
La meule, en pierre dure, s'usait et devait être remplacée périodiquement.
Ci-dessous la photo d'une des meules du moulin du Clauson, dont on a fait en table dans une maison particulière à Mugron.


                Certains se souviennent de l’avoir  vu tourner, ont entendu parler  du meunier qui  collectait le blé avec sa carriole tirée par une mule. Il ne manquait pas de faire halte au café du village, laissant  l’attelage à l’ombre du chêne. Si l’arrêt se prolongeait trop au goût de l’animal,  cette dernière démarrait d’elle-même. Le meunier la retrouvait plus loin, parfois attachée au portail de la maison d’un voisin secourable.

                Les meuniers résidaient dans la maison appelée Clauzon, qui  hébergeait, outre  la famille du meunier, les  domestiques, garçons meuniers et d’autres couples, les métayers qui travaillaient les terres et des  locataires divers. En 1793 on y recense 7 personnes. De  1851 (année où la population du village atteint encore 602 habitants) à 1876 il y a jusqu’à 7 ouvriers et  deux servantes. En 1886 Jean Tachoires n’a plus qu’un ouvrier.

                Nous avons tenté de retracer l’histoire d’un bâtiment aujourd’hui en ruines, dans l’attente d’un acquéreur même s’il est peu  probable qu’une restauration lui redonne  un jour  sa destination  première.

Une démolition permettra-t-elle  de confirmer l’existence d’une cave secrète, exempte d’humidité, où on pouvait entreposer des armes ? ? Et si une telle  cache n’existe pas  il faudra alors   l’ajouter à la  liste  des caves et  des souterrains, qui, nous assure-t-on, abondent   dans le village.

(1) Un dénombrement est une sorte d’inventaire des biens d’un noble.

 

 
  
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