Lettres d'un Lahossais durant la grande guerre (14-18). 1914.

Publié le par R.D.

Après les recherches qui nous ont permis d'identifier les hommes dont le nom est inscrit sur le monument aux morts j'ai continué les recherches sur cette période.
J'ai notamment établi la liste de tous les appelés, étudié leur parcours, car les seuls "héros" ne sont pas les vingt  "morts pour la France".
Un jour ce travail sera en ligne.
Les soldats écrivaient beaucoup. Quelques familles de Lahosse possèdent des lettres de leurs ancêtres au front. La famille de François Etcheverry ( mort très vite), la famille Laborde (des lettres de leurs métayers) et la famille Daverat du Couston m'a confié celle de Joseph Daverat, engagé volontaire alors qu'il avait à peine commencé ses études de médecine.
Ces lettres ne recouvrent pas toute la période. Crtaines n'ont pas été retrouvées. Leur intérêt étant indiscutable, pas tant pour ce qu'il nous dit de son expérience sur le front, que par ce qu'elles révèlent de la vie du village, des relations, des occupations.
Je n'insisterai pas sur ce point, laissant au lecteur curieux du passé découvrir de lui-même ce qui m'a amenée à consacrer tant de temps à la transcription de ces documents.
Bonne lecture.

La première lettre est  écrite de Bordeaux le  mercredi 1er décembre  sans précision de l'année, 1914,  d’après le tampon de la  Poste. Lequel fait foi, nous le savons bien.  L’enveloppe porte le tampon : Médecin-chef. Hôpital temporaire. Bordeaux

Ma bien-aimée maman
Je m'empresse de répondre à ta lettre et aux quelques lignes de Marie. Je suis tout heureux quand je reçois de vos nouvelles et lorsque j'ai le temps comme aujourd'hui je m'empresse de venir causer avec vous. C'est à peu près mon seul plaisir ici de pouvoir oublier tout ce qui m'entoure pour penser à ceux qui me sont chers et leur dire comment je vis. … Ne t'inquiète  pas pour ma messe le dimanche. L'abbé qui est avec moi a en quelque sorte la fonction d'aumônier et dit une messe tous les dimanches à 10 heures. Il reste avec sa sœur qui tient une école du côté du jardin public. S'il n'était pas là il me serait peut-être assez difficile d'y assister quoique l'église d'Urlac ne soit pas très loin. Il nous est absolument interdit de sortir avant 11 heures et demie. Mais tant que l'abbé sera là je suis tranquille, d'ailleurs, à la rigueur, en cas de force majeure, je suis excusable tout comme il nous est permis de faire gras le vendredi.  J'avais demandé des explications à MGR Aucharry avant de partir au Becquet. Je vois Cassaigne, Mauvoisin et d'autres très souvent. Mauvoisin est reçu et s'en va chez lui. Il est appelé vers le 15 ou le 16. Il y a quelques jours que je n'ai pas vu Mr Aucharry.  Il quitte son bureau tous les soirs à 18 heures, aussi quand je sors il n'y est plus. J'étais avant hier soir chez oncle Pierre. … Il y a au ministère de la guerre des listes très complètes de prisonniers en Allemagne. Veux-tu que je demande si Paul y est ? On me raconte que l'on vient d'avoir, il y a deux ou trois jours, des nouvelles d'un soldat blessé le 22 août à Charleroi et soigné dans cette ville jusqu'à présent. S'il pouvait en être ainsi de Paul !
Il fait une très belle journée vous allez pouvoir semer le froment. Avez-vous fini de ramasser le maïs ? Y en a-t-il beaucoup et combien vaut-il ainsi que le vin ?
Je suis content que Marc soit satisfait de son fusil. Le plus malheureux est qu'il ne va pas avoir l'occasion de  s'en servir de bien longtemps.

 

 

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